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Par : Xavier Garnerin

Il est vrai qu’Éric Laurrent – mais surtout dans ses premiers livres (je pense ici à Ne pas toucher) – a beaucoup utilisé le registre rarissime du vocabulaire, au point qu’il faille un dictionnaire pour comprendre certaines de ses phrases ce qui, pour évoquer ce point, contraint le pasticheur à en user également, mais avec modération, afin de ne pas nuire définitivement à la lecture, d’où un registre moindre et ce « gouleyant » que, je vous l’accorde, le Larousse définit comme se rapportant strictement au vin, si ce n’est que le Robert en constate un usage figuratif au sens général d’ « agréable » (comme quoi un seul dictionnaire, entreprise langagière et humaine, suffit à peine à son sujet, même si, s’agissant de cet auteur en particulier, je vous accorde qu’il aurait eu à cœur d’en user au sens le plus strict) et ramène donc de ce fait votre boutade, par ailleurs très réussie, à quelque chose, je crois, de plus « ronchon » si je m’en réfère à son ton général qui me désole un peu, au sens où mon collègue Xavier Gélard et moi-même ne nous intéressons au pastiche que pour pratiquer un exercice d’admiration (faire non pas ce que Proust appelait de la critique en action mais plutôt du compte rendu de lecture en action), raison pour laquelle nous ne nous y essayons qu’à propos d’auteurs qui font notre bonheur de lecture, bonheur de lecture dont vous faites l’économie, ce qui est votre droit le plus strict – je me demande d’ailleurs si au final la littérature n’est pas qu’une affaire de goût, difficilement justifiable, à preuve le dernier pataquès suscité par la tentative de M. Jeannet de s’essayer « objectivement » à douter de la qualité de notre dernier Prix Nobel (dont, personnellement, les ouvrages me tombent des mains), et la volée de bois vert qui s’ensuivit.
N’empêche, et j’arrête là le mimétisme, lire Éric Laurrent et s’essayer à en faire reste un bon exercice pour triturer de la phrase longue et lutter contre la marie-clairisation un peu trop systématique, de mon point de vue, de la prose ambiante.


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